Résumé d’une conférence à venir intitulée “Récit d’histoire et intégration nationale : le cas du Québec”, présentée  à Québec le 20 novembre dans le cadre du colloque (Im)migrations, mémoires et identités transnationales.

L’agrégation des nations est un sujet vivement discuté à l’ère des migrations internationales. La circulation planétaire des individus, parfois de communautés entières, diversifie en effet le tissu humain des nations au point d’entraîner en leur sein des problèmes de cohésion. Pour plusieurs, le partage d’une vision commune du passé national est gage d’intégration des nouveaux venus à l’expérience nationale. L’argument est le suivant : mieux on connaît l’histoire d’une nation, plus on sait d’où elle vient et plus on comprend où elle veut aller, ce qui met l’immigrant au diapason d’une expérience nationale. Pareille affirmation est cependant hypothétique. D’une part, on sait peu de choses sur les visions dont disposent, à propos de l’histoire de leur nation d’accueil, les immigrants installés depuis quelque temps dans un nouveau port d’attache. D’autre part, rien ne dit que bien connaître le passé d’une nation implique que l’on endossera ses aspirations à venir. 

Dans cette communication, on abordera de front la question du rapport au passé des habitants d’une société-nation en voie de pluralisation, celle du Québec. Pour ce faire, on tablera sur l’existence d’un corpus de textes produits par des jeunes invités à raconter l’histoire du Québec comme ils la connaissent (www.tonhistoireduquebec.ca). Sur cette base, on verra si les récits d’histoire des jeunes immigrants se distinguent de ceux des autres jeunes Québécois. On tirera ensuite les conséquences de nos analyses en explorant une série de questions sensibles : si les jeunes immigrants reprennent le récit dominant de l’histoire du Québec, quelle place ce récit accorde-t-il aux «allophones» et comment ces derniers sont-ils mis en scène dans le récit des élèves ou des étudiants nés ailleurs qu’au Canada ? Si les jeunes immigrants ne reproduisent pas le récit emblématique du Québec, est-ce un problème pour l’intégration de la nation québécoise ? Le cas échéant, quel récit proposer de l’expérience historique du Québec qui rouvre l’historicité québécoise sans que ce récit ne sombre dans la déshistorisation du passé qu’il veut révéler ?

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Dans: Je me souviens

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