Archives pour la catégorie Ignorance de l’histoire du Québec

Le film Corbo raconte l’histoire d’un jeune militant du FLQ durant les années 1960. Pourquoi ce film? Parmi les raisons évoquées par le réalisateur du film, la notion d’oubli est récurrente.

Dans une entrevue qui paraît aujourd’hui sur le site web du journal Voir, le réalisateur de Corbo déclare : «L’histoire de Jean Corbo, dit Mathieu Denis, est une note de bas de page historique dans ce qu’on en a retenu. Il est pour moi un grand oublié de notre histoire. J’aurais tendance à dire que 95% de notre histoire est oubliée. Ce qui est ironique dans une province où la devise est « Je me souviens ». Dans les faits, on ne se souvient pas de notre passé, on ne veut pas s’en souvenir.» 

Dans une autre entrevue qui paraît aussi aujourd’hui sur le site web du journal L’Expess Outremont / Mont-Royal, Mathieu Denis revient sur la relation entre Corbo, la devise du Québec et l’oubli :

«Je me souviens»
Le film Corbo est une fiction basée sur des faits historiques. Le réalisateur a rencontré des membres de la famille et des amis de Jean Corbo, et il s’est aussi penché sur plus de 400 articles de journaux pour consolider sa recherche documentaire.

«Ma visite au Palais de justice n’a pas porté fruit. Les données sténographiques que j’espérai y recueillir sont systématiquement détruites après 30 ans», lance-t-il contrarié. Selon lui, la devise «Je me souviens» perd tout son sens. «De brûler des archives sans se préoccuper de leur valeur historique ne permet pas de se souvenir, explique le réalisateur. C’est comme si on préférerait oublier les histoires du passé, comme celles de Jean Corbo».

Enfin, la journaliste Tanya Lapointe évoque aussi l’oubli dans le titre de son billet qui paraît aujourd’hui sur le site web de Radio-Canada :

La mort oubliée du jeune felquiste Jean Corbo

Mathieu Denis réitère son message à la journaliste : “L’histoire de Jean Corbo comme telle est vraiment une histoire qui a été oubliée.”

Dans une entrevue accordée en mars dernier, Robert Lepage invoquait lui aussi l’association entre la devise du Québec et la notion d’oubli. Il tenait ce propos dans le contexte d’une campagne de promotion pour son nouveau spectacle 887, dont l’action se déroule durant les années 1960. Pour Lepage, il faut revisiter cette époque car nombre de Québécois méconnaissent les années 1960 :  

«La devise du Québec est ”Je me souviens”, pourtant mon pays est amnésique de cette époque. On parle de souveraineté et d’indépendance, mais la jeune génération ignore que ces questions se sont posées parfois violemment dans les années 60».

Ce propos est à certains égards similaire à celui du réalisateur de Corbo.

Un même message se trouve dans trois articles parus aujourd’hui au sujet de Corbo. Ce message est central à la promotion du film : on a oublié Corbo.

Notre précédent billet traite de ce type de  pratique promotionnelle qui consiste à dénoncer l’ignorance de l’histoire de manière à légitimer la production et/ou la pertinence d’un bien culturel. Cette pratique contribue à diffuser dans l’espace public un discours unidimensionnel au sujet des connaissances historiques que possèdent les Québécois.

La première du film Corbo avait lieu ce soir au cinéma Excentris.

La bande-annonce du film.

Un autre projet de cinéma traite aussi de Corbo. Présenté en 2013, il s’agit d’un court métrage dont voici la bande-annonce.  Le film et le court métrage ne sont pas liés.

Le Camarade – Bande-annonce from Octo Film on Vimeo.

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Texte écrit par Raphaël Gani et publié dans La Presse + le 12 avril 2015. Son titre original était Le marketing de l’ignorance.

“Au lieu d’offrir un portrait nuancé de la mémoire collective, Robert Lepage et Guy Nantel utilisent la prétendue ignorance des Québécois pour promouvoir leurs spectacles”

 ***

Le cas Lepage : la première entrevue que j’ai lue à propos de 887

Robert Lepage 887 mémoire

Robert Lepage et 887

Au sujet de la Révolution tranquille 2.0 : Comment travailler la mémoire sur Twitter. Quelques réflexions d’ordre méthodologique à partir de la Grande Noirceur et Révolution tranquille 2.0

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Le cas Nantel : la nouvelle publicité du spectacle Corrompu

Guy Nantel Vox Pop

 

Léa Stréliski reproduit un vox pop mené par Guy Nantel

L’original

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Trouvé sur le site web du journal français la Croix, dans un article intitulé “Le Québec a un gros problème de mémoire”.

Robert Lepage : Nous avons un gros problème de mémoire. Notre plaque d’immatriculation porte la devise « Je me souviens ». Mais personne ne sait à quoi elle renvoie, ni d’où elle vient ! Elle est tirée d’un poème qui dit : « Je me souviens d’être né sous le lys et de croître sous la rose ». Je me souviens que j’ai été français et maintenant je grandis sous les Anglais. Les souverainistes, de façon un peu déloyale, n’en ont utilisé qu’une partie.

Journaliste : À quoi attribuez-vous l’amnésie collective du peuple québécois ?

R. L.  : Cette amnésie ne s’applique pas qu’au peuple québécois. Le 11 septembre 2001, tout a basculé. Nous vivons désormais dans un nouvel ordre mondial. Le XXIe siècle doit vivre avec cette réalité. On ne discerne que les événements récents mais on oublie les racines lointaines. C’est le devoir du théâtre de ramener le passé.

 

 

 

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Rencontré sur Facebook :

Si les Québécois connaissaient leur histoire

Si les Québécois connaissaient leur histoire…

Rencontré sur Twitter :

En cherchant la source de cette phrase, on trouve :

L’historien Marcel Tessier a reçu dimanche le Prix du Grand Patriote 2001, remis par la Société-Saint-Jean-Baptiste.

La Société veut ainsi souligner ses talents de vulgarisateur de l’histoire nationale et de grand défenseur de la cause souverainiste.

M. Tessier s’est dit très honoré de recevoir un tel hommage, à 67 ans. Il en a profité pour déplorer les lacunes dans l’enseignement de l’histoire. «Si les Québécois connaissaient leur histoire, ils seraient souverains depuis longtemps!», s’est-il exclamé.

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L’humoriste Martin Mallette : “La merveille d’Hochelag. J’écris des blagues pour gagner ma vie. Bénévolement sur Twitter. Backstreet Boy de karaoké. Comme Peter Pan, j’ai un pays imaginaire.”

Sa blague :

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Sur le site web de THEN/HiER : “Connaissez-vous le premier Premier ministre du Québec? Souffre-t-on d’une ignorance collective ou serait-ce plutôt que certaines personnes voudraient bien nous le faire croire? Raphaël Gani propose d’analyser dans le détail les fameux sondages visant à questionner les citoyens sur leurs connaissances historiques.”

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Extrait d’un billet de blogue lié au magazine La vie est belle! :

N’ayant plus la mémoire des temps anciens, nous sommes devenus terriblement superficiels. Et atrocement bêtes. Vivant à la surface de nous-mêmes et du temps, carburant à la nouveauté, nous prisons l’effervescence des sujets polémiques et devenons, comme l’écrivait L.-F. Céline, des « jouisseurs d’événement ».

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On associe souvent la jeunesse québécoise à son ignorance de l’histoire du Québec. En voici un exemple récent qui circule sur Twitter et Facebook.

ingnorance nationale  histoire du Québec

En introduction du livre Je me souviens? :

On ne niera pas qu’à propos du passé du Québec, les compétences des jeunes soient réduites. Cela ne signifie pas qu’ils n’y connaissent rien ou n’ont pas de vision d’ensemble de l’expérience québécoise. À cet égard, les sondages qui font état d’un déficit apparent du savoir historique parmi la jeunesse pourraient cacher plus qu’ils ne révèlent, si ce n’est nous mener vers de faux diagnostics concernant son ignorance présumée de l’histoire de la province. C’est cette hypothèse – soit que les jeunes, malgré leurs carences en matière de connaissances historiques, se font une idée assez forte de ce que fut le passé du Québec – que nous avons voulu vérifier à partir d’une enquête exhaustive sur les représentations qu’ils offrent du parcours de leur société dans le temps.

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Un sondage CROP-La Presse mené auprès de 500 jeunes appartenant à la “génération” des 18-24 ans a suscité plusieurs commentaires dans les médias le mois dernier.  Selon le principal résultat du sondage, la génération des 18-24 ans voterait massivement Non lors d’un hypothétique référendum. Comme l’écrivait Katia Gagnon qui a piloté une série d’articles au sujet du sondage : “69% des [500] répondants auraient voté Non à un référendum sur la souveraineté.” Comment expliquer cet appui au Non ?

Les jeunes ont offert une piètre performance à une question évaluant leurs connaissances historiques. Ainsi, pour des commentateurs, la méconnaissance de l’histoire du Québec expliquerait le désintérêt de la jeunesse envers l’option indépendantiste.  Or, comme d’habitude, ces commentateurs se concentrent uniquement sur les “trous de mémoire” et négligent de décrire ce que savent effectivement les jeunes à propos de l’histoire du Québec.

Commençons par le “trou de mémoire”. Le sondage évaluait les connaissances historiques des jeunes en demandant à ces derniers de classer en ordre chronologique six événements liés à l’histoire (politique) du Québec.

  1. La crise d’octobre
  2. Le premier gouvernement du Parti Québécois
  3. La proclamation de la charte des droits et libertés du Canada
  4. L’accord du Lac Meech
  5. Le référendum de Charlottetown
  6. Le deuxième référendum sur la souveraineté du Québec

Seuls 4% des jeunes interrogés ont été capable de classer ces six événements en ordre chronologique. Plusieurs commentateurs vont utiliser ce résultat (4%) pour s’expliquer la réticence des jeunes envers le projet d’indépendance du Québec.

Selon le président de la Société Saint-Jean-Baptiste, le résultat du sondage illustre le besoin des jeunes d’être mieux informés à propos du projet indépendantiste. « Il est faux, archifaux, de dire que les jeunes ont renoncé au projet d’indépendance. Par contre, il est plus exact d’affirmer que les jeunes n’ont pas été encore suffisamment éclairés sur ces enjeux, comme le démontre d’ailleurs de manière inquiétante le faible pourcentage (4%) de répondants au sondage CROP qui ont réussi à replacer dans l’ordre chronologique différents événements ayant marqué notre histoire. Et si ces jeunes étaient mieux informés, à l’école notamment, et moins désinformés? Telle est la question à se poser.»

Pour l’ex-animateur de radio Gilles Proulx, l’ignorance de la jeunesse favorise le fédéralisme défendu par le Parti libéral du Québec : «L’inculture et l’ignorance font pourtant le jeu du PLQ des “vraies affaires” dont le fond de commerce électoral est l’ensemble de ceux qui ne se sentent pas Québécois ou qui se définissent contre lui.»

Enfin, après avoir constaté que les jeunes ne sont plus souverainistes, le sociologue Mathieu Bock-Côté ajoute dans son blogue du Journal de Montréal : «Il se peut aussi que l’inculture historique terrifiante de la jeune génération et ses convictions politiques ne sont probablement pas sans liens.»

Les constats d’ignorance sont à nuancer à plusieurs égards. Des études illustrent qu’une bonne partie de la jeunesse québécoise envisage le passé du Québec par le prisme de l’histoire politique, par la dualité anglophone-francophone et par les tribulations entourant la question nationale (Je me souviens?). Il est aussi vrai de dire que les jeunes connaissent peu la date exacte et l’ordre chronologique précis de plusieurs événements historiques. Par contre, la relation entre l’appui au projet d’indépendance et la connaissance de l’histoire est un sujet encore peu exploré. En ce sens, les commentateurs du sondage CROP-La Presse, comme bien d’autres, postulent sans le démontrer empiriquement une relation entre l’appui à l’indépendance et la connaissance de l’histoire du Québec.

Fait intéressant, ces commentateurs n’ont pas abordé une question du sondage qui illustre le lien entre la connaissance de l’histoire et l’appui au projet indépendantiste. Outre la tâche de classer des événements en ordre chronologique, on invitait aussi les jeunes à se prononcer sur l’effet qu’ont eu sur le Québec dix événements historiques. Les répondants devaient choisir entre trois options : un effet 1) “positif” 2) “négatif” 3) “Je ne le connais pas”. Dans le tableau suivant, nous avons compilé les pourcentages récoltés par l’option “Je ne le connais pas”.

Sondage CROP-La Presse auprès de 500 jeunes : Pourcentage de l’échantillon qui a répondu « Je ne le connais pas » à la question portant sur l’effet d’événements historiques sur le Québec

Effet de ces événements sur le Québec /// Réponse : Je ne le connais pas

Individualistes

         (N=159)

Nouveau Québec inc.

(N=109)

Souverainistes-progressistes

(N=98)

Néo-Trad

(N=134)

La crise d’octobre

45%

26%

18%

33%

La conquête

49%

31%

34%

46%

La révolte des patriotes

46%

22%

11%

27%

La premier gouvernement du Parti Québécois

38%

25%

10%

23%

La révolution tranquille

43%

16%

6%

28%

Le deuxième référendum sur la souveraineté du Québec

37%

16%

8%

21%

L’accord du Lac Meech

62%

46%

42%

60%

Le référendum de Charlottetown

60%

55%

40%

63%

La conscription lors de la seconde guerre mondiale

47%

27%

24%

36%

La proclamation de la charte des droits et libertés du Canada

28%

12%

4%

9%

Pour comprendre le tableau, il faut voir que les jeunes y sont classés en quatre groupes distincts : les Individualistes, le Nouveau Québec inc., les Néo-Trad, ou les Souverainistes-progressistes (la définition de ces groupes se trouve ici). Ce classement effectué par CROP-La Presse a été produit à partir d’une analyse factorielle. Cette analyse regroupe les jeunes selon leur patron de réponses à des questions portant sur leur attitude envers l’altermondialisme, la droite, l’ethnicité, le désir de changement, le souverainisme, l’implication sociale, la postmodernité et le socialisme. Donc, parmi les Individualistes, le Nouveau Québec inc., les Néo-Trad ou les Souverainistes-progressistes, qui sont les mieux habilités à évaluer dix événements de l’histoire du Québec ?

À la lecture de ce tableau, il apparaît que l’allégeance politique des jeunes joue un rôle important dans leur capacité à évaluer les dix événements proposés. Le tableau illustre que les Souverainistes-progressistes sont davantage familiers avec ces dix événements historiques : ils répondent moins souvent “Je ne le connais pas” que leurs compatriotes, qui eux, ne sont pas identifiés comme étant principalement indépendantistes.  Autrement dit, plus les jeunes sont indépendantistes, plus ils sont habilités à évaluer les dix événements historiques proposés. Ces événements sont surtout liés  à l’histoire politique du Québec ainsi qu’à la question nationale. Cela peut aussi signifier que les jeunes qui sont peu ou pas souverainistes sont moins familiers avec des événements majoritairement liés à la politique et à la question nationale.

Il faudrait des analyses plus poussées à partir de données originales utilisées par CROP pour corroborer nos interprétations. Néanmoins, nous avons tenté d’observer un phénomène passé sous silence par  plusieurs commentateurs : ce que savent les jeunes à propos de l’histoire du Québec. En focalisant sur autre chose que des “trous de mémoire”, on observe un lien partiel entre l’allégeance politique des jeunes et leur capacité à évaluer des événements surtout liés à la politique ainsi qu’à la question nationale.

N.-B. Le sondage CROP-La Presse a été sévèrement critiqué par certains commentateurs sur la base de son échantillonnage défaillant, ce à quoi nous pouvons ajouter deux facteurs à prendre en compte.

Via Internet, la firme CROP a interrogé 500 jeunes répartis dans l’ensemble du Québec. Il est rare d’accéder à un tel échantillonnage de 18-24 ans. Habituellement, les sondages rapportés par les médias sont effectués à partir d’échantillon d’environ 1000 adultes. Dans ces sondages appelés omnibus, on recrute un faible nombre de 18-24 ans, de manière  à représenter leur poids démographique par rapport à la population totale du Québec (9% ou environ 90 répondants).

Les sondages par Internet semblent une voie pertinente pour rejoindre les 18-24 ans. Le recrutement par Internet pose surtout problème pour les clientèles âgées qui sont moins habituées que les plus jeunes à naviguer en ligne, donc plus difficiles à rejoindre par ce moyen.

Ainsi, que l’on soit d’accord ou non avec l’interprétation des résultats du sondage, celui-ci repose sur une méthode d’échantillonnage pertinente. Suite à la lecture de notre nota bene, on comprendra mieux les propos du président de la Société Saint-Jean-Baptiste qui critique le sondage CROP-La Presse : « Il ne faut surtout pas penser que les jeunes ont abandonné le rêve d’un Québec libre. Les sondages, surtout lorsqu’ils sont non-probabilistes, non représentatifs et menés auprès de seulement 500 personnes sur internet, nous en apprennent peu sur leur sensibilité et leur potentiel à cet égard. »

Par Raphaël Gani.

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