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On savait déjà que le ministre de l’Éducation Yves Bolduc endossait le rapport Beauchemin/Fahmy-Eid/Prud’homme. Ce rapport a été mandaté par le Parti Québécois en 2013 afin de préparer une réforme de l’enseignement de l’histoire du Québec au secondaire.

On connait maintenant plus en détail la position du ministre Bolduc vis-à-vis la réforme du cours d’histoire du Québec au secondaire. Dans les derniers jours, le site de l’Assemblée nationale a publié la retranscription des travaux de la Commission de la culture et de l’éducation (19 juin). Suite à une question portant sur la réforme du cours d’histoire au secondaire, M. Bolduc y a précisé ses intentions:

«Je voudrais donner peut-être un commentaire sur la réforme qui est demandée actuellement au niveau des cours d’histoire. J’ai pris connaissance du contenu, et, pour le prochain cours d’histoire, la façon d’enseigner va être différente. Auparavant, c’est qu’en secondaire III on avait comme une étude chronologique de l’histoire, et par la suite on reprenait les mêmes thèmes pour les ramener sous forme thématique. La nouvelle façon de faire, ça va être tout simplement de séparer l’histoire de façon chronologique. Et ça, semblerait-il que ça fait consensus dans les gens qui enseignent l’histoire et ça serait plus facile pour l’étudiant. Et j’ai pris connaissance du contenu et je tiens à le dire — c’est le Parti québécois qui était au pouvoir — il n’y avait pas de politique dans le contenu, et j’ai endossé le contenu au complet tel quel. Donc, il n’y a pas de modification entre le Parti québécois et nous autres pour le contenu.»

Reste à savoir quelle date sera choisie pour “séparer l’histoire” du Québec en deux.

Voici la retranscription complète des échanges du 19 juin au sujet de l’enseignement de l’histoire du Québec au secondaire.

«La Présidente (Mme Rotiroti) : Le prochain intervenant, le député de Sherbrooke.

M. Fortin (Sherbrooke) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Moi-même étant diplômé des sciences sociales, donc j’ai un grand intérêt pour l’histoire. Alors, j’aimerais amener le ministre sur le sujet de l’enseignement de l’histoire, notamment de l’histoire au secondaire. On sait qu’il y a tout un projet de réforme de l’enseignement de l’histoire en troisième et quatrième secondaire, suite à des plaintes qui ont été effectuées par certains enseignants qui trouvaient que le contenu, que les connaissances qui étaient transmises dans ces deux cours-là étaient très répétitives. Donc, on sait que le MESS a voulu revoir le parcours académique des élèves québécois en matière d’enseignement de l’histoire. Le gouvernement qui nous a précédé, en septembre 2013, a mandaté deux experts de faire toute l’analyse justement du parcours de l’enseignement…

M. Fortin (Sherbrooke) : …voir le parcours académique des élèves québécois en matière d’enseignement de l’histoire. Le gouvernement qui nous a précédés, en septembre 2013, a mandaté deux experts de faire toute l’analyse justement du parcours de l’enseignement de l’histoire au Québec. Le rapport a été déposé en février 2014. Il contient 29 recommandations. Ici, je n’en ferai pas l’énumération, mais, si jamais la députée de Pointe-aux-Trembles veut en faire la lecture, je serais prêt à déposer le rapport, Mme la Présidente. Et on sait que la ministre qui a précédé l’actuel ministre de l’Éducation était très pressée, très pressée de mettre de l’avant cette réforme de l’enseignement de l’histoire là en ayant déjà, dès la prochaine rentrée scolaire, 90 groupes, des groupes pilotes au niveau de la troisième secondaire. Et moi, j’ai vu le ministre, dès les premières entrevues qu’il a données à titre de ministre de l’Éducation, qui a dit qu’il allait reporter l’entrée en vigueur de ces 90 groupes pilotes là d’un an. Alors, je voudrais tout simplement savoir de la part du ministre qu’il nous explique les fondements de sa décision.

La Présidente (Mme Rotiroti) : Oui, M. le ministre, il vous reste à peu près trois minutes pour le bloc.

M. Bolduc (Jean-Talon) : Merci, Mme la Présidente. Je vais aller assez rapidement parce que c’est un sujet extrêmement important.

D’abord, lorsque je suis arrivé, j’ai dû prendre position pour l’enseignement de l’histoire au cégep et également au secondaire. Le cégep, on le traitera dans un autre forum, puis on va avoir des questions pour l’enseignement supérieur. Pour ce qu’il s’agit du secondaire, ce n’est pas compliqué, je suis arrivé au ministère et des recommandations des experts du ministère étaient tout simplement de retarder d’une année la mise en place du programme parce que le programme ne pouvait pas être prêt à l’automne, quel que soit le gouvernement en place. C’était strictement impossible parce que les cours eux autres mêmes n’étaient pas planifiés. Donc, c’était la première… ça, c’est le premier élément.

Je voudrais donner peut-être un commentaire sur la réforme qui est demandée actuellement au niveau des cours d’histoire. J’ai pris connaissance du contenu, et, pour le prochain cours d’histoire, la façon d’enseigner va être différente. Auparavant, c’est qu’en secondaire III on avait comme une étude chronologique de l’histoire, et par la suite on reprenait les mêmes thèmes pour les ramener sous forme thématique. La nouvelle façon de faire, ça va être tout simplement de séparer l’histoire de façon chronologique. Et ça, semblerait-il que ça fait consensus dans les gens qui enseignent l’histoire et ça serait plus facile pour l’étudiant. Et j’ai pris connaissance du contenu et je tiens à le dire — c’est le Parti québécois qui était au pouvoir — il n’y avait pas de politique dans le contenu, et j’ai endossé le contenu au complet tel quel. Donc, il n’y a pas de modification entre le Parti québécois et nous autres pour le contenu. J’ai rencontré M. Beauchemin et l’autre experte et je leur ai dit qu’on irait de l’avant avec le contenu tel qu’il avait été proposé. Mais par contre, pour ce qu’il s’agit de l’enseigner, il fallait qu’il y aille des tables de travail pour s’assurer que la façon de l’enseigner serait convenable. Et cette semaine j’ai rencontré la table de travail et tous ont reconnu, puis il y avait des professeurs d’histoire dans le groupe, que le cours n’était pas prêt à être mis à l’automne. J’ai insisté pour que le cours soit disponible en septembre 2015, mais il faut se donner des conditions gagnantes, dont, entre autres, pour s’assurer que les volumes soient prêts, que la méthode pédagogique soit prête et la façon de l’enseigner également soit standardisée.

Tout ça pour vous dire, Mme la Présidente, qu’au début c’est un dossier que les gens pensaient qu’on refusait parce qu’on pensait que c’était une position politique. Ce n’était absolument pas ça. Le cours n’était tout simplement pas prêt à être enseigné. Et tous m’ont dit que, si on retardait d’une année, qu’on avait plus de chances de réussir et non pas d’avoir par la suite un échec, en disant : Bien, on aurait dû attendre une année de plus. Donc, puis je tiens à le dire, puis je veux souligner le travail de Mme Malavoy là-dedans, la façon dont le dossier a été fait. Il n’y a pas de politique. C’est un cours qui est valide quel que soit votre orientation politique, contrairement à ce qui a été écrit dans les journaux. Et ça, d’ailleurs, je l’ai clarifié avec quelques journalistes, que ma position, c’était d’avoir le meilleur cours d’histoire pour nos élèves ici, au Québec.

[…]

La Présidente (Mme Rotiroti) : Mme la députée.

Mme Léger : Vous avez parlé aussi… on a… ce matin, on a abordé aussi le cours d’histoire, où il y avait… j’ai cru entendre le ministre nous préciser qu’il a l’intention de poursuivre, il a l’intention de ce que les cours… le cours d’histoire peut être… pourrait être enseigné selon…

Mme Léger : …j’ai cru entendre le ministre nous préciser qu’il a l’intention de poursuivre, il a l’intention de ce que le cours d’histoire peut être enseigné selon… il y a un grand consensus qui s’est fait à travers le Québec. Je vois que le ministre est bien au fait de la situation, alors je voudrais juste qu’il me confirme pourquoi qu’il n’a pas poursuivi en projet pilote cette année, puisque c’était ça, notre intention, d’avoir quand même un projet pilote. Et là il nous a dit ce matin qu’il préférait… plutôt, comme il le disait, que ce n’était pas prêt. L’enseignement de l’histoire n’était pas prêt, mais il aurait pu être prêt en projet pilote. Alors, pourquoi qu’il a mis un moratoire sur les projets pilotes immédiatement au lieu d’entamer tout de suite ce type de projet là. Je vois qu’il a l’air à fatiguer un peu sur sa chaise, là, quand je lui pose cette question-là.

La Présidente (Mme Rotiroti) : M. le ministre.

M. Bolduc (Jean-Talon) : Écoutez, j’ai juste hâte de répondre. Même le Parti québécois n’aurait pas été capable de le faire. La réponse est aussi simple que ça. Vous l’auriez retardé d’une année aussi. Même chose au cégep, les cours n’étaient tout simplement pas prêts. Et puis ça, j’ai eu des témoins, là, vérifier au niveau des gens que vous connaissez au niveau du ministère, tous les gens qui voulaient le mettre en place le disaient, les cours n’étaient tout simplement pas prêts, même pas pour les projets pilotes. Et c’est ça, la réponse. Et je tiens à le dire, même le Parti québécois ne l’aurait pas fait, donc vous l’auriez retardé parce qu’il faut voir, les élections avaient lieu au mois d’avril, on a pris le pouvoir au mois d’avril, et les gens nous disaient : Il n’y aura rien de prêt avant le mois d’octobre. Parti québécois, ou Parti libéral, ou parti caquiste, ou parti Québec solidaire, quelque soit la personne qui va prendre le pouvoir, c’était illusoire, et vous autres aussi, vous l’auriez remis.

Donc, on a juste pris une décision logique pour le bien, et, pour vous dire jusqu’à quel point on est honnêtes, on garde le même programme. On ne change rien dans le programme. Le programme est très bien fait, je le reconnais. J’ai rencontré M. Beauchemin et l’autre personne qui a travaillé avec lui. Le programme est bien fait, et on va le mettre en place, mais on va le mettre en place dans des conditions gagnantes, et ça aurait été une décision que le Parti québécois aurait prise également.

La Présidente (Mme Rotiroti) : Mme la députée.

Mme Léger : Il me fait sourire, Mme la Présidente, en disant que c’est une décision que le gouvernement du Parti québécois aurait prise, que c’était… que même avec les bonnes intentions, on n’aurait pas réussi, ci et ça. Il n’est pas le gouvernement du Parti québécois, il est le gouvernement du Parti libéral. Je vous juste lui rappeler qu’on n’a pas nécessairement la même façon de faire les choses. Et de nous porter des intentions, je préfère qu’il garde ses propres intentions et qu’il réussisse le cours d’histoire, si vous permettez, Mme la Présidente.»

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Dans: Enseignement de l'histoire du Québec

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