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Disponible depuis 2013, Le Québec, connais-tu? est “une série d’ouvrages numériques conçue pour les enseignants de français […] qui souhaitent familiariser leurs étudiants avec le Québec et son histoire, sa littérature, sa culture ainsi que ses enjeux contemporains.”

Dans cette série d’ouvrages, l’auteur Robert Laliberté présente une genèse de l’identité québécoise en cinq temps. Des parallèles sont à faire entre la proposition de Laliberté et la table des matières de L’Histoire du Québec pour les Nuls, un succès de librairie qui est écrit par l’historien Éric Bédard.

Les propositions de Laliberté et Bédard sont aussi similaires à ce que Jocelyn Létourneau a trouvé dans les discours produit par de jeunes Québécois à qui l’on avait demandé de raconter leur version de l’histoire du Québec.

Nous avons affaire à la structure fondamentale du récit de l’histoire du Québec telle qu’elle se transmet et se raconte aujourd’hui dans l’espace public québécois.

Manu Militari offre une synthèse de ce récit dans sa chanson Je me souviens, qui a été visionnée un demi-million de fois sur You Tube .

  • Laliberté
  1. Les Français s’établissent en Amérique du Nord (1534-1759) .
  2. Les Canadiens résistent à l’assimilation par les Anglais (1760-1867) .
  3. Les Canadiens français se replient sur eux-mêmes (1867-1960) .
  4. Les Québécois se nomment et s’affirment lors de la Révolution tranquille (1960-1980) .
  5. La redéfinition de l’identité québécoise: l’ouverture à l’Autre (1980 à aujourd’hui).
  • Bédard
  1. La Nouvelle-France (1524-1754)
  2. Conquis mais toujours vivants (1754-1867)
  3. La survivance (1867-1939)
  4. La reconquête tranquille (1939-1967)
  5. Province ou pays (1967 à aujourd’hui)
  • Létourneau
  1. L’âge d’or
  2. La retournement de destin
  3. Le recommencement
  4. L’hésitation

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Éric Bédard est l’historien public numéro un au Québec. Il occupe un poste d’animateur à MAtv.  Son ouvrage l’Histoire du Québec pour les Nuls est un succès de librairie. Il donne un cours en ligne, ouvert à tous. Ses chroniques publiées dans le Journal de Montréal rejoignent un large public. Bédard est bien placé pour observer le rapport à l’histoire chez les Québécois. Depuis quelques années, l’historien nuance son opinion à ce sujet, notamment à l’égard d’une idée populaire : la Grande Noirceur.

D’abord, Éric Bédard fait paraître en 2011 un essai au sujet du rapport à l’histoire chez les Québécois, Recours aux sources. L’essai débute par cette citation en exergue provenant de l’historien Michel Brunet :

Le fait brutal, c’est que nous n’aimons pas notre passé

L’essai s’amorce ensuite avec ces paragraphes :

C’est de notre rapport au passé qu’il sera question dans ce livre. Je constate, trente-cinq ans après l’historien Michel Brunet, que la plupart des Québécois n’aiment toujours pas leur passé. Pourquoi?

L’année 2010 a marqué le cinquantième anniversaire de la Révolution tranquille. Pour la grande majorité des Québécois, 1960 constitue l’an zéro du Québec «moderne», c’est-à-dire du seul vrai Québec qui nous ressemble et qui nous intéresse. Au centre de notre mémoire collective trône toujours cette embarrassante «Grande Noirceur» qui, pour certains, se confond avec le régime de Maurice Duplessis et, pour d’autres, avec toute l’histoire d’un Canada français clérical, ethnique et traditionaliste. Nous sommes au coeur du problème.

[…]

Cinquante ans après le début de la Révolution tranquille, l’idée de Grande Noirceur semble avoir été complètement intériorisée.

L’auteur nuance néanmoins son propos à la fin de l’introduction :

Si, au fil des années et des événements, j’ai exploré notre rapport trouble au passé, déconstruit certains discours sur la Grande Noirceur, montré avec d’autres les impasses vers lesquelles nous menait ce reniement de soi, c’est aussi parce que j’ai toujours eu la conviction que mes contemporains, peut-être plus nombreux parmi les jeunes générations, ressentaient le besoin d’envisager autrement leur aventure collective.

Par la suite, l’historien écrit son Histoire du Québec pour les Nuls parue en 2012. Il écrivait alors :

Trop de Québécois semblent croire que leur passé se résume à une désespérante “Grande Noirceur”, sans grand intérêt pour le présent et pour l’avenir. Grave erreur…

Peu après, Éric Bédard proposait une opinion plus nuancée en spécifiant à un collègue historien le but de son essai Recours aux sources  :

Le projet de Recours aux sources visait aussi à souligner que, malgré ce rapport vicié au passé, largement répandu chez nos élites, plusieurs Québécois restent attachés à une certaine continuité historique. C’est du moins ainsi que j’explique, dans mon premier chapitre, l’immense succès de la chanson Dégénérations du groupe Mes Aïeux en pleine crise des accommodements raisonnables. Le rapport plus empathique au passé et aux ancêtres a visiblement touché une corde sensible. Le succès populaire qu’a connu la série Duplessis, diffusée la première fois en 1978, est aussi un signe que les Québécois étaient prêts à reconsidérer le mythe de la Grande Noirceur.

En janvier 2015, sur le site de la revue l’Actualité , Bédard débutait son billet de blogue par…

C’est une jérémiade incessante, surtout dans les milieux nationalistes : les Québécois seraient devenus amnésiques. Ils ne connaîtraient plus ni les grands personnages ni les grandes dates de leur histoire. «Je me souviens» ? Allons donc ! La devise nationale aurait perdu son sens.

Il m’arrive de partager ce pessimisme… Je suis souvent frappé par la rareté des références au passé dans nos débats politiques et sociaux, du moins si je nous compare aux Français ou aux Américains.

Il m’arrive aussi de penser que le mythe de la Grande Noirceur, tel un torrent violent ayant tout emporté sur son passage, nous aurait rendus étrangers à nous-mêmes.

La riposte populaire suscitée par le projet hasardeux du ministre conservateur Denis Lebel de transformer le pont Champlain en pont Maurice-Richard a eu quelque chose de rassurant. Elle montre que les ressorts de la mémoire collective des Québécois ne sont pas brisés.

Bédard revisite la Grande Noirceur à travers différents textes et niveaux de certitude. Ce faisant, il nous invite à continuer l’important dialogue à propos d’une idée populaire encore d’actualité.

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La TÉLUQ propose à la session d’automne un cours en ligne gratuit et ouvert à tous (CLOM), qui s’intitule Introduction à l’histoire politique du Québec. Le professeur est Éric Bédard, historien et auteur de l’Histoire du Québec pour les Nuls, un succès de librairie.

Dans l’attrayante capsule vidéo de 2:46 qui présente le cours, Bédard résume l’histoire du Québec et explicite son fil conducteur. C’est une histoire dramatique,

  1. car le Québec a été très tôt l’objet d’une lutte sans merci entre deux empires, au milieu du 18e siècle;
  2. parce que les Québécois devront s’approprier des institutions nouvelles et se battre pour la justice et la démocratie lors des affrontements de 1837;
  3. parce que pendant presque un siècle, les Québécois vont se contenter de survivre, avant de renaître lors d’une période qu’on appelle la Révolution tranquille.

Cette vision de l’histoire est aussi présente dans l’Histoire du Québec pour les Nuls et au sein de multiples ouvrages. Une majorité de jeunes Québécois racontent des éléments de ce récit dramatique quand ils résument l’histoire du Québec, comme le rapporte Jocelyn Létourneau dans son livre Je me souviens?

Ce récit dramatique colle à l’histoire puisqu’il est plausible, quoiqu’il existe d’autres interprétations possibles. Or, pour l’instant, devant ce récit dramatique, il y a peu d’interprétations historiques alternatives, plausibles qui soient disponibles et attrayantes pour le grand public. Ce manque d’interprétations alternatives clé en main explique en partie la prégnance du récit dramatique de l’histoire du Québec dans la conscience historique des Québécois.

Un bémol : la popularité des livres écrits par Serge Bouchard et  Marie-Christine Lévesque illustre que d’autres interprétations historiques – grand public – se profilent à l’horizon.

Il y a bien sûr des critiques du récit dramatique, comme celle faite par Jocelyn Létourneau au sujet du livre de l’Histoire du Québec pour les Nuls. Or, ceux qui critiquent ce récit dramatique sont encore loin de produire des capsules vidéos aussi séduisantes et accessibles, qui résument l’histoire avec autant de verve et de confiance:

Avec ce cours offert gratuitement à tous par la TÉLUQ,  tout comme le best-seller Pour les Nuls signé par Éric Bédard, il semble, à première vue, que le récit dramatique de l’histoire du Québec ait encore une confortable longueur d’avance sur d’autres interprétations plausibles du parcours historique québécois.

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