
*Écrit le 30 juin; voir ajouts d’aujourd’hui.*
La dénomination du nouveau pont Champlain provoque la polémique.
D’abord, le ministre responsable de la construction du pont voudrait rebaptiser celui-ci.
Des chroniqueurs comme Mathieu Bock-Côté plaident pour conserver le nom du pont Champlain. Sur son blogue, Bock-Côté défend sa position :
Cette polémique soulève l’enjeu de l’importance de Samuel de Champlain pour les Québécois. Dans le livre “Je me souviens?”, Létourneau rapporte une enquête qu’il a menée en 2004 au Musée de la civilisation auprès de 484 adultes et incluant la question suivante :
“Identifiez jusqu’à 10 personnages qui, selon vous, ont été au coeur de l’histoire du Québec depuis le début jusqu’à nos jours.”
Le principal résultat? Samuel de Champlain est numéro 1.
Cette enquête donne de la matière à penser pour ceux qui veulent rebaptiser le pont Champlain ou qui affirment que “les Québécois sont de plus en plus étrangers à la mémoire de la Nouvelle-France”.
*Ajouts
Lors du 400e anniversaire de la ville de Québec, le premier ministre Harper déclarait:
#PontChamplain S. Harper: “nous devrions tous être fiers de ce que Champlain et ceux qui l’ont suivi nous ont laissé” http://t.co/kRVThLxooL
— Raphaël Gani (@raph_gani) 2 Novembre 2014
Le gouvernement conservateur reconnaît la place importante occupée par Champlain dans l’histoire. Néanmoins, le journaliste Denis Lessard annonçait hier que Maurice Richard serait le nom du nouveau pont construit à côté du pont Champlain, celui-ci étant appelé à disparaître. Cette décision proviendrait du ministre Denis Lebel, lieutenant du Québec au sein du gouvernement de Stephen Harper.
Dans un article de Radio-Canada, on précise que cette décision s’expliquerait ainsi :
Le ministre n’a pas encore confirmé officiellement la nouvelle rapportée par Denis Lessard.
Cette nouvelle a provoqué plusieurs réactions au sujet de la place de Maurice Richard dans la mémoire collective québécoise et canadienne. Par exemple, l’historien Denis Vaugeois a déclaré :
On peut penser que l’opinion des gens à l’égard de Maurice Richard (et de Champlain) a influencé le ministre Lebel. Ce dernier aurait basé sa décision notamment sur les résultats d’une enquête auprès de «groupes cibles». Outre ces groupes cibles, plusieurs enquêtes ont révélé la place de Maurice Richard et de Champlain dans la mémoire collective des Québécois et des Canadiens. Quels sont les résultats de ces enquêtes ?
- Dans l’enquête menée par Létourneau auprès de 484 visiteurs du Musée de la civilisation, M. Richard arrive au 16e rang des personnalités “qui ont été au coeur de l’histoire du Québec”.
- Un sondage Léger marketing/Journal de Montréal auprès de 1002 répondants en 2014 illustre que:
- Maurice Richard arrive au troisième rang des personnalités les plus marquantes des 50 dernières années (toutes catégories confondues); il récolte 5% des votes.
- Le Rocket est jugé comme étant la personnalité sportive la plus marquante du dernier demi-siècle, récoltant 62% des votes.
- Benoit Melançon, auteur du livre Les yeux du Maurice Richard, rapportait sur son fil Twitter :
«Début octobre, les lecteurs du @huffpostquebec préféraient le pont Champlain au pont Maurice-Richard.»
- En juin 2014, la chroniqueuse Josée Legault a demandé aux lecteurs de son blogue du Journal de Montréal:
«Quel est la personne ou les personnes qui, au Québec, vous ont le plus inspiré… ?»
Une centaine de lecteurs ont répondu à l’appel. Maurice Richard récolte 2 votes (Champlain, 1).
- Dans un concours pancanadien diffusé sur les ondes de la CBC en 2004, les téléspectateurs devaient choisir le “plus grand Canadien”. Maurice Richard se classe au 23e rang (Champlain ne fait pas partie de la liste des 100 «plus grands» Canadiens).
- Dans le cadre d’un sondage réalisé en 2008, 3114 participants devaient choisir les éléments qui définissent le mieux le Canada, Maurice Richard se classe au 59e rang (Champlain ne reçoit pas suffisamment de votes pour faire partie de la liste des «101 choses» qui définissent le mieux le Canada).
- Pour ce qui est des enquêtes auprès de jeunes Québécois, dont celle de Létourneau, Maurice Richard est parfois mentionnée, mais Champlain occupe le haut du pavé mémoriel. Dans une enquête conduite de 2003 à 2005 auprès de 2074 élèves qui devaient raconter l’histoire du Québec dans leurs mots, on trouve:
«Les données portant sur les personnages cités font ressortir, chez les élèves de 4e secondaire autant que chez ceux de 5e secondaire, la notoriété de Cartier et de Champlain dans l’histoire québécoise [ce sont les personnages les plus cités]. On peut penser que l’un et l’autre personnages, chacun à sa manière, est associé à une vision d’inauguration ou de fondation, de commencement formel ou de genèse […].»
Cette recension d’enquêtes permet de mettre en perspective certaines évidences au sujet de la place de Maurice Richard et de Champlain dans la mémoire collective québécoise et canadienne. À première vue, il semble que Maurice Richard soit davantage (re)connu que Champlain à l’extérieur du Québec. Au Québec, Richard et Champlain occupent une place importante dans la mémoire collective. Par contre, ces intuitions (à chaud) devraient être appuyées par une analyse plus fine des enquêtes disponibles ou non recensées. Par contre, on peut déjà douter de la validité de propos qui vont dans ce sens:
Ou,
Dans: Je me souviens